Taichi style Yang ou style Chen?

Je reçois régulièrement des appels de gens qui cherchent un cours de taichi (taiji : 太極) de style Chen. Quand je leur demande pourquoi, la raison qui revient le plus souvent est qu’on y enseigne du « Fa Jing » (發精) ou « expression de l’énergie ». Ce sont des mouvements brusques mais normalement sans force musculaire qui doivent en principe être l’expression d’une éruption de Qi dans la direction que l’on désigne avec son intention.

Dans la famille Yang, le Fa Jing a été abandonné par le Grand Maître Yang Chen Fu pour éviter que les élèves ne travaillent en force et afin qu’ils se concentrent sur les autres éléments plus importants dont le principal est « Song » (松): se (re-)lâcher.

Mais ce grand maître aurait-il été si fou de ne pas transmettre ce que ses ancêtres et oncle avaient affiné jusqu’à la perfection ? Il disait lui-même qu’il ne pourrait rien modifier à ce qu’il a reçu car cela endommagerait l’enseignement si précieux transmis dans sa famille jusqu’alors.

Alors, qu’en est-il du Fa Jing ? Il l’a transmis, bien entendu. Son fils ainé : Yang Sau Zhong a reçu la transmission complète avant de quitter la maison familiale précipitamment, « grâce » au coup de pouce de sa belle-mère. Il y a des choses qui ne changent pas…

Actuellement, le Fa Jing est enseigné aux élèves avancés dès que leur maître est certain que l’élève a atteint un niveau de Song suffisant pour ne plus retomber dans la rigidité et la force physique brute : « Li » (力).

Comprenez bien qu’il est impossible d’apprendre le joyau du taichi en utilisant la force brute. Impossible.

J’ai vu des démonstrations de taichi de style Chen au cours desquelles les professeurs étaient rouges et transpirants, démontrant ainsi qu’ils étaient tombés dans le piège de la force musculaire.

Pour un débutant, cela peut paraître très efficace et spectaculaire mais ce n’est pas du taichi. Lorsque la force musculaire est prédominante, c’est un sport de combat aux qualités externes: vitesse, techniques et force, essentiellement.

Je ne considère pas qu’un sport de combat soit mieux ou moins bien que le taichi. Il faut juste reconnaître que c’est très différent et être clair avec ce que l’on choisi d’étudier et de perfectionner.

Il y a cinq styles de taichi : Yang, Chen, Wu, Sun et Wuhao. Bien que certain vont les différencier, ce n’est pas cela qu’il faut chercher, du tout.

Tous les styles ont des bons et des mauvais maîtres et surtout, des bons ou très mauvais professeurs. Voyez mon autre article sur comment choisir son professeur de taichi.

Ce qui compte, c’est que les principes internes y soient. Si c’est le cas, alors votre professeur doit être capable d’exprimer le vrai magique du taichi. Voyez les vidéos sur mon site à ce sujet. Et le PLUS IMPORTANT est que ce professeur soit capable de vous amener à ce niveau de maîtrise en très peu de temps. Typiquement, il faut environ trois ans pour arriver au premier stade du « magique ». Celui qui vous permet de faire des choses qui pourraient paraître sur-humaines.

Et comme écrit dans un autre article sur « l’arnaque des maîtres de taichi », si vous, en tant qu’élève assidu, n’atteignez pas ce niveau dans les trois ans, partez en courant. Votre professeur ou votre maître est peut-être capable de belles choses mais il est clair qu’il ne vous les a pas enseignées… Voyez son fils, son frère ou ses disciples seniors. Demandez-leur en combien de temps ils ont appris… Trois ans maximum ! Alors que certains de leurs élèves les suivent depuis plus de dix ans et ne sont nulle part.

Voulez-vous tester où vous en êtes ? Facile :

Prenez le doigt d’un(e) partenaire de taichi entre votre pouce et votre index. Lâcher-vous en « song » jusqu’à ce que l’autre se mette à vaciller. Au début, il aura les hanches qui vont partir en premier lieu, suivant l’ondulation des genoux car c’est la première articulation importante depuis le sol. Quand vous aurez un bon niveau, il s’écroulera sur place ou se mettra à faire des bonds.

S’il ne bouge pas du tout, demandez au partenaire d’appliquer une légère force en votre direction. Cela enverra du « Yi » (意intention) vers vous et vous pourrez plus facilement arriver à vos fins en l’utilisant. S’il n’y a toujours pas de résultat, c’est que vous n’y êtes pas tous les deux. Essayez chacun avec quelqu’un d’autre que vous considérez comme plus avancé(e). Si vous n’y parvenez jamais, vous n’y êtes pas encore.

Pourquoi un maître ou un professeur n’enseigne-t-il pas le joyau du taichi à tous ses élèves, allez-vous me dire ? C’est facile, il y a deux raisons possibles : soit, il ne connait pas le chemin pour y arriver car son taichi est trop limité, soit il a un conflit d’intérêt : il veut gagner des sous en vous gardant le plus longtemps possible, en vous faisant participer au plus de stages et de cours possibles pour s’enrichir. C’est humain et c’est dommage. Personnellement, mes revenus viennent de l’immobilier, donc je n’ai pas cette difficulté.

Je vous écris cela car j’ai perdu beaucoup de temps dans mon apprentissage en ne rencontrant pas les bonnes personnes. Heureusement, il y avait des exceptions…

En conclusions, choisissez le style que vous voulez. Choisissez surtout un professeur capable et généreux et s’il vous enseigne du Fa Jing dans la première année, c’est mauvais signe…

Chi joyeux (Le Qi : 樂氣) !

Pierre

Taichi style Yang ou style Chen?
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